CP - Trop d’aidants-proches en difficulté
- La prévalence des affections chroniques est 2 à 3 fois plus élevée parmi les aidants-proches de moins de 40 ans que parmi la population totale de cette même catégorie d’âge.
- La précarité est 2 fois plus importante chez les aidants-proches de moins de 25 ans que dans le reste de la population.
- Partenamut et les Mutualités Libres proposent 4 volets de mesures incluant notamment la simplification pour l’octroi du statut d’aidant proche et un meilleur accompagnement pour les aider dans leur tâche et pour les soutenir au quotidien.
Bruxelles, le 20 juin 2024 – À la veille de la Journée Nationale des Aidants Proches du 21 juin, Partenamut dévoile une étude1 des Mutualités Libres menée auprès de 10.000 aidants proches bénéficiant du statut officiel et révèle leurs défis quotidiens : plus de maladies chroniques, plus de précarité et un statut trop vulnérable. À la lumière de cette étude, Partenamut et les Mutualités Libres, dont elle fait partie, réclament des nouvelles mesures adaptées à leurs besoins : un appel en 4 axes qui vise une prise de conscience avec des actions concrètes pour soutenir ces héros du quotidien peu visibles et souvent isolés.
Une communauté invisible
En Belgique, environ 12% de la population ou 1 million de citoyens prodiguent régulièrement de l’aide ou des soins informels à des personnes en perte d’autonomie, selon les chiffres de Sciensano[2] et de l’association Aidants Proches Bruxelles[3]. D’autres sources comme la récente étude du European Institute for Gender Equality[4] estiment ce taux à environ 22,5% de la population ou 2 millions de citoyens.
Partenamut est la 1re mutualité à avoir créé des avantages spécifiques destinés aux aidants proches afin de valoriser ce travail bénévole souvent sous-estimé. Et ce même par les aidants proches eux-mêmes dont beaucoup ne font pas les démarches pour obtenir ces avantages.
« De nombreuses personnes vivent leur accompagnement dans l’ombre », explique Gladys Villey, directrice du département Care and Social de Partenamut. « Beaucoup ne se manifestent pas comme aidant-proche et ne bénéficient donc pas du statut qui donne accès à un soutien psychosocial adapté et à des aides financières et matérielles. Il est primordial de faciliter la vie de ces héros du quotidien qui sont la manifestation même de la solidarité en action. Et cela implique aussi l’investissement d’autres acteurs. C’est pourquoi, en ce 21 juin, journée nationale de l'aidance, et alors que les négociations sont en cours pour établir les majorités politiques, il apparaît essentiel de partager les résultats de ces analyses. »
Une population fragile
Bien que les aidants-proches soutiennent d'autres personnes, l'étude montre qu'ils sont plus vulnérables que la population générale, tant sur le plan socio-économique que sur le plan de la santé.
L’étude révèle qu’ils sont en moyenne plus touchés par une maladie chronique, et ceci peu importe la tranche d’âge. La prévalence des affections chroniques est 2 à 3 fois plus élevée parmi les aidants-proches de moins de 40 ans, en comparaison avec la population totale pour la même catégorie d’âge. La prévalence de la dépression ou d’usage chronique d’antidépresseurs (au moins 120 jours pendant l’année de reconnaissance du statut d’aidant proche) est aussi 2 à 3 fois plus fréquente que pour le reste de la population parmi les aidants de moins de 60 ans.
Sur le marché de l’emploi, les résultats de l’étude indiquent que les aidants-proches font face à davantage de risques de non-emploi, de chômage et de précarité. Parmi les aidants reconnus entre 30 et 50 ans, 66% ont une activité professionnelle salariée ou d’indépendant, soit 15 points de pourcentage de moins que la population générale. Durant l’aidance, ils sont aussi plus nombreux que la population générale du même âge à être en invalidité ou au chômage, en particulier un chômage à temps plein.
À la suite de cette étude, Partenamut et les Mutualités Libres ont formulé des recommandations essentielles pour mieux soutenir les aidants-proches. Pensées et concertées avec les aidants-proches, ces recommandations se concentrent sur 4 axes : simplifier l’accès au statut d’aidant-proche, équilibrer vie privée, professionnelle et vie d’aidant, offrir un accompagnement spécialisé aux aidants en tant que dispensateurs de soins et investir dans des solutions pour les problèmes de santé auxquels les aidants sont confrontés. Il est impératif de reconnaitre et d’appuyer davantage ces héros du quotidien en adoptant des mesures concrètes et adaptées à leurs besoins.
4 axes pour soutenir les aidants-proches
Axe 1 : statut de reconnaissance aidant-proche
- Faciliter l’octroi en suivant les demandes de simplification formulées lors de l'évaluation de la loi sur la reconnaissance des aidants-proches dont, par exemple, simplifier et digitaliser la déclaration sur l'honneur ou réviser le seuil de dépendance
Axe 2 : équilibre privé / professionnel / vie d’aidant
- Accorder de meilleurs droits sociaux aux aidants-proches comme par exemple une meilleure indemnisation ou flexibilité des congés thématiques d’aidants proches
- Renforcer et diversifier l’offre de répit
Axe 3 : accompagnement du rôle d'aidant
- Soutenir les programmes qui accompagnent les aidants proches dans la compréhension de la maladie de leurs proches.
- Renforcer l’information et les actions proactives sur les droits des aidants, entre autres avec la collaboration des mutualités, et plus spécifiquement pour des publics plus vulnérables (jeunes aidants, situations de précarité, aidants de personnes avec des troubles cognitifs)
- Faciliter au maximum l’accès de l’aidant-proche aux données de santé du proche, sous réserve du consentement du proche aidé
Axe 4 : santé de l'aidant-proche
- Développer un plan d’action interfédéral pour améliorer la qualité de vie des aidants-proches
- Développer une politique de prévention santé par le développement des compétences des aidants-proches
- Offrir un accompagnement particulier aux aidants-proches lorsqu’ils sont en voie de réintégration professionnelle suite à une incapacité de travail de longue durée
Résultats de l'enquête_FR.pdf
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[1] Étude réalisée par le Service Etude des Mutualités Libres sur base de l’analyse de 10.000 relations d’aide (dont 80% membres Partenamut).
2 Aide informelle, Enquête de santé 2018, Sciensano, 2019 (https://www.sciensano.be/sites/default/files/ic_report_2018_fr.pdf)
3 https://www.aidantsproches.brussels/
4 Source : European Institute for Gender Equality, Eurocarers https://eurocarers.org/about-carers/