Table ronde Partenamut : « Problèmes de santé mentale des jeunes = psy ? »
La problématique du mal-être chez les jeunes est au cœur des préoccupations de Partenamut, qui vient de renforcer ses actions de prévention en lançant notamment la campagne : « Tu connais ce sentiment ? Parles-en ! ». Outre libérer la parole que peut-on faire concrètement ? Dans le cadre de la Semaine de la santé mentale qui a eu lieu du 10 au 16 octobre 2022, Partenamut a réuni quelques acteurs de terrain pour faire le point sur ce sujet lors d’une table ronde.

La définition de la santé mentale diffère légèrement pour chacun.e en fonction de son point de vue, selon leur action sur le terrain ou de la référence à la définition officielle de la santé donnée par l’OMS. Mais tous les experts réunis pour la table ronde Partenamut la semaine dernière se sont accordés pour dire qu’éprouver une baisse de moral fait partie de la vie, que c’est « normal ». Yayah Hachem Samii, Président de la Ligue Bruxelloise de la santé mentale s’est exprimé : « Ça fait partie de la nature humaine de marcher parfois un peu de travers et c’est important de le partager, de se faire aider. » La culture est selon lui notamment un merveilleux moyen pour s’exprimer, pour aborder les choses d’une autre manière. Avec des ateliers de « slam », par exemple, particulièrement adaptés aux jeunes. Aubin Hezagira, psychologue spécialisé jeunesse, a insisté lui sur « le format de soutien plus atypique nécessité par les jeunes en difficulté ». Ainsi, au lieu des séances psychologiques « classiques », il optera davantage pour proposer aux jeunes d’autres moyens comme faire une balade. Enfin, Fanny Engin, psychologue de la ligne d’écoute de Partenamut, insistait sur l’importance de « continuer à vivre avec le petit grain de folie, les petites manies que l’on a tous et qui ne font pas pour autant de nous des gens anormaux… »
Des chiffres qui attestent de l’urgence
En termes de chiffres, Valérie De Keyser, responsable des Relations Publiques chez Partenamut a rappelé qu’1 Belge sur 3 ressentait un mal-être psychologique. Un sentiment encore plus accru chez les jeunes entre 18 et 29 ans, avec 34% d’entre eux montrant des troubles anxieux, 38% souffrant de dépression et 35% n’osant pas en parler à leurs proches ou faire appel à des aides professionnelles. Ces chiffres ont été corroborés par une intervention d’une personne du public qui rappelait qu’environ 6 personnes par jour se suicident en Belgique. « Sans compter les passages à l’acte manqués qui laissent de profondes traces pour l’avenir des jeunes… », a ajouté Fabienne Paul, Chargée de recherche et développement en matières sociales et sociétales chez Partenamut.
Au niveau des solutions mises en place, la mutualité a rappelé qu’elle avait déjà apporté son aide sur le terrain il y a deux ans, en signant une convention avec SSM ULB pour offrir des séances d’accompagnement supplémentaires aux jeunes en situation de détresse. Une ligne d’écoute gratuite a aussi été ouverte, pour les jeunes de 18 à 25 ans, membres ou non de Partenamut. Enfin, des murs d’expression ont également été installés l’an dernier sur différents campus universitaires pour stimuler les jeunes à extérioriser leur mal-être via leur créativité.
Une campagne pour briser les tabous et la stigmatisation
Cette année, Partenamut a lancé une campagne qui s’articule autour d’une plateforme anonyme, un mur d’expression virtuel, www.parles-en.com, qui vise à accueillir des témoignages anonymes de jeunes, pour briser les tabous, prendre la parole sans se sentir jugés. A Louvain-la-Neuve, la mutualité a également lancé ce 18 octobre un projet pilote pour offrir 5 séances gratuites de soutien ou d’orientation à des jeunes entre 18 et 25 ans, membres de Partenamut.
« Mais les problèmes de santé mentale ne se solutionnent pas juste avec un psy », a déclaré Yayah Hachem Samii. « Il faut désamorcer le problème au travers plusieurs regards, une approche pluridisciplinaire. Chaque situation est unique et il faut créer un système de solutions plus ouvert. Les paroles sont nécessaires, bien sûr, mais il convient d’orienter les personnes vers les services adéquats. Il est dès lors crucial que les autorités belges mobilisent plus de moyens financiers pour l’accompagnement. C’est là tout l’enjeu actuel ! » Fabienne Paul a, elle, rappelé « l’importance d’être solidaires et d’agir les uns pour les autres comme des sentinelles. Il faut pouvoir détecter les signaux de détresse des personnes que nous côtoyons tous les jours. Le soutien doit être diversifié en fonction des multiples besoins. C’est notre rôle, en tant que mutualité, de faire remonter les besoins, de continuer à tirer la sonnette d’alarme et d’être novateurs au niveau des solutions proposées. Via les éducateurs, les échanges ou un système de pair-aidance, par exemple. »
« Être fort » ne signifie pas « ne pas souffrir »
Pour Aubin Hezagira, « aller chercher de l’aide pour un jeune qui va mal est encore plus compliqué que pour les adultes. Il faut leur offrir des approches détournées. La honte et le frein financier restent importants, puisque beaucoup sont encore dépendants de leurs parents, mais souvent, les jeunes ne sont pas au courant des aides mises en place. Il faut les sensibiliser dès la cour de récré et il faut aussi leur donner une série de clés, une boîte à outils dans laquelle ils peuvent venir puiser. »
Dans le même ordre d’idées, Fanny Engin, enfin, a prôné « davantage de gratuité pour les solutions mises en place ». Mais elle a aussi redonné une série de conseils simples à appliquer dans son environnement familial. « Les parents doivent donner l’exemple et exprimer à leurs enfants quand ils ne vont pas bien, ne pas faire semblant. « Être fort dans la vie » ne signifie pas ne pas souffrir. C’est important que tout le monde puisse conscientiser, même dès l’enfance, qu’il y a des hauts et des bas. » Pour elle, c’est aussi important de « prendre les jeunes au sérieux et de dédramatiser avec eux. Leur répéter qu’il n’y a pas de honte à avoir des moments où l’on se sent moins alignés. Et enfin, les parents doivent passer la main. Ils ne sont pas toujours les mieux placés pour écouter les jeunes et ils doivent pouvoir les orienter vers d’autres personnes (même un oncle, un parrain/marraine, etc.) ou des activités pour que leur enfant puisse s’exprimer ».
En gage de conclusion, Alex Parisel, Directeur de Partenamut, a déclaré : « Moi-même papa de 2 jeunes de 18 et 20 ans, je pense qu’il est important que nous prenions tous conscience de cette tendance de fond dans la société d’aujourd’hui, qui provoque beaucoup de souffrance. On a tous reconnu l’importance d’une pluralité des regards tant au niveau de la perception du mal-être des jeunes, que de l’accompagnement même et des solutions envisagées. Il nous faut renforcer le lien, l’écoute, l’Humain… Lancer des initiatives au niveau de la prévention, mais aussi en matière d’accompagnement en facilitant notamment l’accès financier au soutien psychologique et en créant des partenariats au niveau du suivi. Pour Partenamut, cela veut dire concrètement qu’on doit continuer ! Et ces discussions donnent envie d’aller encore plus loin… »
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